« Celui qui vient à moi sans me préférer à son Père, sa Mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs et même à sa propre vie ne peut pas être mon disciple »

Nous sommes bien dans la montée à Jérusalem où Jésus sait qu’il va être arrêté, meurtri, crucifié. Il préfère la volonté de son Père à tout le reste, il ira jusqu’au bout de sa mission. Il s’adresse à ses disciples, à ceux qui le suivent et qui font route avec lui en s’engageant eux aussi dans cette montée à Jérusalem, mais il s’adresse aussi à chacune et chacun d’entre nous, à la suite des enseignements des dimanches précédents.
Rappelez-vous : Dimanche dernier c’était le devoir d’humilité : « Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles. Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé ». Il y a 15 jours il nous invitait à prendre la porte étroite, plus exigeante que la voie de tout le monde. Et, il y a trois semaines il nous disait : « pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Et bien non ! A cause de l’Evangile les gens seront divisés ».
Aujourd’hui la barre est encore plus haute et les exigences plus difficiles « Celui qui vient à moi sans me préférer… » Préférer c’est faire passer avant, donner la priorité… Par exemple, c’est faire passer sa vie de famille avant ses loisirs, c’est faire passer la parole donnée avant les compromissions, c’est faire passer sa réussite personnelle après les propositions malhonnêtes, c’est honorer ses engagements même quand c’est difficile…. C’est, c’est, souvent difficile !

En donnant ces exemples, je montre du doigt toute la complexité et l’exigence de préférer le Seigneur à tout le reste et pourtant nous sommes tous capables de faire passer le Seigneur avant d’autres choses : Si nous sommes là aujourd’hui, c’est bien parce que, au moins pendant une heure nous avons fait passer le seigneur avant le repos, la partie de boules, la télé, le travail au jardin, ou toute autre activité. Nous arrivons tous à préférer Jésus, au moins de temps en temps, et parfois nous sommes tous capables de faire des choix qui engagent davantage.
En ce début d’année pastorale, je pense à la fidélité de tous ceux et de toutes celles qui acceptent de donner du temps, et parfois beaucoup de temps au catéchisme, à l’équipe liturgique, à l’animation de la paroisse, au service des fleurs, au service de l’entretien de l’église, à la maison de retraite.
A ceux et celles qui sont sollicités pour telle ou telle responsabilité auprès des associations, pour le service à la personne, etc etc .
Sur notre ensemble paroissial, à St Just Malmont, nous avons accueilli deux religieux, frères du sacré Cœur, Johannes Moulin et Marcel Célarier, qui sont venu compléter l’équipe de St Just avec le frère Jean Bonhomme et le Frère Digonnet, qui continuent leur engagement dans le cadre du secours catholique et au service des gens du voyage. Ils ne sont pas des jeunes novices, ils ont atteint et même dépassé, l’un et l’autre, comme leurs confrères, l’âge que la Bible donne comme un exploit, l’âge de 80 ans. Depuis leur jeunesse ils ont préféré le Seigneur en se mettant au service des enfants et des jeunes : Enseigner, éduquer, Evangéliser, c’était leur devise.
L’un d’eux a été une cheville ouvrière de l’association sportive de Ste Sigolène en s’occupant, en plus de son travail d’enseignant de l’école de foot et de l’animation sportive. Il a sans doute fait beaucoup plus pour l’éducation des jeunes que bien des théoriciens de l’éducation : « Celui qui accueille un enfant, c’est moi qu’il accueille » a dit jésus. Nous avons tellement d’exemples, de ces gens qui choisissent de servir chaque jour, sans bruit et sans discours et qui préfèrent de marcher à la suite du maître sans chercher les honneurs ou les médailles, sans même attendre une reconnaissance pourtant bien méritée : Il n’y avait que bien peu de monde à St Just pour leur dire merci !

Nous avons un bel exemple dans la deuxième lecture de ce dimanche : Onésime est un esclave, il est la propriété de son maître qui a droit de vie et de mort sur lui. Onésime a déserté : il a quitté la maison de son maître pour aller se réfugier auprès de Paul. Il est susceptible d’être mis à mort pour cette faute. Il vient de recevoir le baptême, il s’est converti. Paul aimerait le garder, mais il préfère s’adresser au maître d’Onésime qui est Chrétien et il lui demande d’accueillir à nouveau son esclave, non pour le couvrir de coups, ni pour le mettre à mort comme il en a le droit, mais de l’accueillir, non plus comme un esclave, mais comme un frère ! Nous imaginons bien ce que cette attitude évangélique doit avoir d’énorme pour le maître !

Nous ne sommes pas toujours capables d’accéder à de telles exigences, qui, heureusement, ne nous sont pas demandées tous les jours, nous avons choisi de préférer l’Evangile à bien d’autres sirènes de bonheur, nous essayons de tracer droit notre sillon et en ce début d’année pastorale il nous faut, une fois de plus nous remettre devant le Seigneur en lui demandant de nous aider encore et encore à marcher à sa suite.

Père Jo Valentin