St Didier le 14 Nov. Les fins dernières. (Marc 13, 24-32)

Nous voici aux derniers jours du temps ordinaire : Dimanche prochain ce sera la fête du Christ roi qui clôture l’année liturgique et dès le dimanche suivant, le 28 Novembre nous entrerons dans le temps de l’Avent directement tourné vers Noël et dans cette annonce il y a déjà un écho de l’Evangile de ce jour qui parle du figuier qui refleurit. Mais avant cela il nous faut passer par ces temps un peu sombres du mois de novembre qui évoquent les défunts, les victimes des guerres le 11 Novembre et … La fin du monde.

Depuis toujours les hommes ont peur de ce qu’ils appellent la fin des temps De l’antiquité à aujourd’hui, en passant par Nostradamus, les témoins de Jéhovah et quelques autres prophètes du pire, cette question renaît à chaque époque. La Bible ne fait pas exception à tous ces textes qui expriment cette inquiétude. On pense par exemple à l’histoire du déluge avec Noé, on pense, bien sûr à ce livre qui a mis un nom sur ces événements : le livre de l’apocalypse, nom passé dans la littérature pour désigner une catastrophe terrible.
La première lecture tirée du livre du prophète Daniel, nous introduit à l’Evangile de ce jour. Ce livre est écrit quelques 170 ans avant la naissance de Jésus, alors que le roi de la Syrie voisine sème la mort et la terreur sur la terre d’Israël. Pour bien des gens confrontés à ces barbaries, c’était bien la fin du monde, un temps de désespérance totale. Mais Daniel voit ce temps comme, non pas la fin du monde, mais la fin d’un monde et il parle déjà de vie éternelle et la mort semble ne pas avoir le dernier mot.

Au temps où St Marc écrit son Evangile, l’histoire est tout autant bouleversée, les légions romaines débarquent sur la terre d’Israël, le temple va être détruit, il n’en restera pas pierre sur pierre. Là encore c’est annoncé comme la fin d’un monde, mais pas la fin du monde. Ce texte pourtant reste un peu mystérieux : « En ces jours-là, après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté… Lorsque vous verrez cela, sachez que le fils de l’homme est proche, à votre porte. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas…Cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive ».
Ces paroles sont un peu mystérieuses et mériteraient l’éclairage d’un grand théologien que je ne suis pas. Personnellement, je crois que, pour les comprendre il faut relire les récits de la passion et de la mort du Christ qui nous parlent de la même manière de l’obscurité qui se fait sur toute la terre, des tremblements de terre, et de la grande frayeur qui s’empare alors de tous les témoins. Dans ce grand chambardement est annoncée aussi le monde nouveau, la résurrection du Christ, prémices de la résurrection promise. Je crois comprendre aussi, que le Seigneur nous dit qu’il se fait proche de nous quand nous connaissons ces grandes peurs qui régulièrement marquent notre humanité, et donc proche des temps que nous vivons : Le Christ se fait proche de notre histoire, et à chaque apocalypse annoncée il nous invite à nous tourner vers sa croix et sa résurrection. Il est le passeur qui nous aide à traverser ces moments difficiles.

Je ne suis pas bien qualifié pour parler de la fin des temps, mais j’ai quelques convictions dans ce domaine :
La fin du monde aura certainement lieu un jour où l’autre, mais elle ne sera pas l’œuvre de Dieu. Plusieurs textes de la Bible nous le disent depuis le livre de la genèse, avec l’histoire d’Abraham à qui Dieu dit qu’il ne détruira pas la ville s’il y trouve un juste.
Le Juste existe, c’est le Christ et grâce à Lui Jamais Dieu ne détruira ce monde qu’il a créé par amour. Jésus nous a dit : « Je ne suis pas venu pour condamner le monde, mais pour le sauver ». L’histoire de Noé est aussi une réponse à cette question. Donc Dieu ne détruira pas ce monde.
Par contre l’homme en est tout à fait capable, de conflits destructeurs, en bombes atomiques, de missiles super puissants en armes de destruction massive, de pesticides en science sans conscience. N’a-t-il pas déjà commencé à détruire ce monde qui lui a été confié pour le gérer et en prendre soin. Et ce ne sont pas les « COP »21, 22 26— (comme des numéros de loto) qui semblent pouvoir mettre un terme à cette puissance incontrôlée des hommes et des états.
Ces hommes tellement puissants qu’ils sont capables d’envoyer un Thomas Pesquet vivre 6 mois en dehors de l’espace, se retrouvent tout à coup bien démunis devant un virus si petit que nous ne pouvons même pas l’apercevoir.

Ceci nous appelle à beaucoup d’humilité et, sans doute, à un regard moins orgueilleux quant à notre toute puissance :
A vouloir vivre sans transcendance, c’est-à-dire sans référence à Dieu, le Maître des temps et de l’histoire nous risquons la fausse route. Le psaume (écrit sans doute par un sage) nous a dit : « Seigneur, mon partage et ma coupe, de toi dépend mon sort : Si le Seigneur est à ma droite je suis inébranlable car Tu ne peux m’abandonner à la mort, tu m’apprends le chemin de la vie ». Ma contribution, même petite, à respecter la planète, sa richesse et ses hommes qui l’habitent est indispensable : Comme le colibri de la fable bien connue, je suis appelé à tenir ma place, sans attendre que les autres fassent le travail pour moi.

Une autre conviction qui est même une certitude :
Si je suis ignorant sur la fin du monde, je sais qu’elle existe pour chacun de nous, moi y compris, au bout de quelques années très courtes à imaginer que je suis éternel. Les textes d’aujourd’hui m’invitent à ne pas oublier cette réalité et à m’y préparer sereinement et en confiance si je m’appuie sur Celui qui a fait le grand passage, la Pâque et qui m’assure qu’Il est allé me préparer une place dans la maison du Père, dans un grand rassemblement évoqué dans l’Evangile de ce jour.

Enfin une dernière conviction :
Il est important de ne pas croasser avec les oiseaux de malheur qui prédisent toujours le pire. Les temps ne sont pas à l’euphorie, et même si les gens essaient de se divertir avec les chocolats de Noël, les réveillons et les flons- flons, ils manifestent beaucoup d’inquiétude face à l’avenir. Cette confiance qui nous vient de notre foi au Christ mort mais ressuscité devrait transparaître dans nos actes de fraternité , d’accompagnement et de soutien mutuel. Nous allons entrer en Avent dans quelques jours, regardons la branche du figuier : l’Evangile de ce jour nous y invitait.

Père Jo Valentin

Image extraite de la tenture de l’Apocalypse d’Angers
Par PMRMaeyaert — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=61698634