Homélie du dimanche 7 Novembre. La veuve aux piécettes Mc 12,38-44

Les textes de ce dimanche nous parlent des veuves à plusieurs reprises. D’abord au livre des Rois cette rencontre improbable entre le prophète Elie et la veuve de Sarepta, une païenne au grand cœur qui fait passer l’hospitalité avant ses intérêts personnels. C’est un exemple magnifique de la générosité des petites gens.

Dans le psaume nous avons entendu l’attitude du Seigneur envers toutes les petites gens : « Il soutient la veuve et l’orphelin » nous a dit le psalmiste.

Enfin dans l’Evangile de ce jour, les veuves sont nommées à trois reprises. D’abord pour dénoncer l’attitude des scribes à leur égard qui montrent beaucoup d’hypocrisie dans leur recherche des honneurs et leurs comportements ostentatoires mais qui pillent les veuves et profitent de leur faiblesse, ce qui leur sera sévèrement reproché. Puis Jésus remarque l’attitude d’une pauvre veuve qui glisse son obole dans le temple là où d’autres peuvent se permettre des dons bien plus conséquents et Jésus valorise cette offrande.

Cela nous permet de retrouver quelques textes de la Bible qui nous parlent des veuves dans l’ancien comme dans le nouveau testament.

Dans l’ancien testament les veuves sont des personnes bien malheureuses, car, non seulement elles ont perdu leur mari, mais avec lui, dans une situation sociale très patriarcale, elles ont perdu tous leurs droits. Elles n’ont personne pour les défendre, personne pour rapporter de quoi manger, personne pour les aider. Il n’y a ni aide sociale, ni contribution de quoi que ce soit pour leur venir en aide. Si elles ont des enfants elles doivent se débrouiller seules, si elles sont assez jeunes et sans enfant elles doivent épouser le beau-frère pour donner une descendance. Elles sont des proies faciles pour tous ceux qui veulent profiter d’elles et, ici, Jésus critique vivement les scribes accusés de « dévorer leurs biens »

La loi de Moïse veut venir en aide à celles qui vivent dans ces conditions, elle déclare au livre de l’exode : « Vous ne maltraiterez pas une veuve, ni un orphelin », dans le livre du Deutéronome ; « Lorsque tu feras la moisson, si tu as oublié une gerbe dans ton champ, ne vient pas la chercher, elle sera pour l’étranger, la veuve ou l’orphelin »

Quand Israël se choisit un roi, celui-ci a dans sa mission de prendre en compte la défense de la veuve et de l’orphelin. Enfin on découvre plusieurs de ces femmes dans le service du temple, comme Anne qui accueille Jésus au Temple pour sa présentation, avec le vieillard Siméon, Sans doute trouvaient elles là une sécurité, une occasion de servir et une protection.

Dans l’Evangile Jésus dit sa considération pour cette femme, pauvre sans doute, mais généreuse et il fait son éloge.

St Paul dont on sait qu’il est célibataire endurci et un peu misogyne leur conseille de se remarier si elles sont jeunes ou alors de s’approcher du service du temple ou de la synagogue et de consacrer leur temps libre à la prière. Dans le livre des Actes des Apôtres, les diacres sont choisis pour, entre autres missions, venir en aide aux veuves.

Aujourd’hui Jésus est assis dans le temple. II « voit » une pauvre veuve qui met deux piécettes. Il « voit », là où ses apôtres ne remarquent rien, il nous invite ainsi à être attentifs à ce qui se passe autour de nous et plus particulièrement à ces gens discrets qui passent inaperçus. Sans doute que nos services sociaux sont plus performants que ceux de la Bible et que les veuves sont prises en charge par la société, mais nous rencontrons de plus en plus souvent des femmes seules, qui, sans être veuves, ont charge de faire grandir et d’élever leurs enfants. Pour celles-ci la tâche n’est pas simple, et souvent les enfants profitent de l’absence du père pour s’émanciper un peu vite et avoir des comportements à risques et à problèmes. D’autres ont bien des difficultés pour organiser leur quotidien. Pour une femme seule, la vie semble plus compliquée que pour un homme seul et les difficultés ne sont pas les mêmes. Le Seigneur nous invite à faire attention à l’autre.

Il s’émerveille aussi de la générosité de cette femme, capable, un peu à l’image de la veuve de Sarepta, de donner le peu qu’elle a. Savons nous aussi nous émerveiller de ces gestes de générosité qui se passent presque chaque jour autour de nous. Une femme qui, au début du Covid a cousu des masques en tissus, et me les a apportés, disant qu’elle ne connaissait pas beaucoup de monde et que je saurai les donner à ceux qui auraient besoin. Cette mémé participant à une collecte de mobilier suite à une inondation, en apportant trois petits pots de confiture et tous ces gestes que vous connaissez et pour lesquels il nous faut rendre grâce au Seigneur.

Il interpelle les apôtres sur le sujet, rappelant quelque chose qui nous est évident, c’est que la valeur du cadeau n’est pas proportionnelle à la valeur marchande, mais à l’attention de la personne qui l’offre. Un cadeau fait par un enfant à sa grand-mère n’a pas une grande valeur marchande et pourtant il dit plus de choses qu’un présent bien plus onéreux mais moins chargé d’affection. L’Eglise se doit de bien écouter ces paroles du Seigneur avant de marquer des différences entre les personnes : Qui peut juger de la générosité du cœur ?

En ce qui concerne les veuves (et les veufs d’ailleurs dont nous n’avons pas parlé et qu’il ne faut pas oublier) l’Eglise a un mouvement qui s’adresse aux personnes en veuvage, il s’appelle « espérance et vie », il anime, rassemble et accompagne ceux et celles qui le désirent. A ma connaissance il y a une équipe à Monistrol et des personnes intéressées pourraient aller renforcer l’équipe. Il suffit de se signaler.

Ce texte d’Evangile aujourd’hui nous dit la grande humanité du Christ qui n’est « resté indifférent à aucune détresse ». Qu’il nous renouvelle dans nos comportements quotidiens. Amen

Père Jo Valentin