Dans l’Evangile de ce jour, ce qui est d’abord frappant, c’est que les disciples n’écoutent pas ce que jésus est en train de leur dire, et pourtant c’est le message essentiel de notre foi, à savoir : Le Christ va être rejeté, crucifié, il va mourir avant de ressusciter. Ils n’écoutent pas ? Ou bien ils ne veulent pas entendre ? Ils sont à l’image de Pierre dans l’Evangile de la semaine dernière qui ne pouvait pas accepter l’annonce des souffrances du Christ et de sa passion. Ils n’écoutent pas, ils n’entendent pas, ils ne veulent pas entendre et l’Evangile nous dit : « Ils ne comprennent pas ».
Pour nous aussi les mots de Jésus sont difficiles à entendre et alors, comme les apôtres, nous préférons parler d’autre chose. Et là encore nous pouvons leur ressembler car ils discutent entre eux pour savoir qui est le plus grand. C’est une tentation qui touche presque tout le monde tant il est plus intéressant d’être chef que d’être serviteur. Il n’est pas très facile d’obéir et nous préférons généralement commander. Mais c’est une tentation qui peut être bénéfique car il faut qu’il y ait un chef, un responsable, un organisateur, pour que les choses marchent bien. Le bon sens le dit souvent « quand tout le monde commande c’est la pagaille » et puis certains ont reçu des talents, des capacités qui leur donnent la place, la responsabilité de diriger, de commander, Jésus dit « être le plus grand », il ne dit pas que c’est mauvais, Il demande simplement à ses disciples de faire de cette responsabilité, de cette capacité, un service. Cette demande de Jésus est adressée à ses disciples, c’est-à-dire à son Eglise, mais reste valable sans doute pour la société, dans le travail, dans la politique, dans la vie sociale et même dans la famille. Mais Si les responsables sont appelés à servir, cela ne veut pas dire que les autres sont dispensés du service.
Par notre baptême chacun de nous a été fait prêtre, prophète et roi : prêtre pour la prière, prophète pour le témoignage, roi pour servir, non pas à la manière des puissants de ce monde mais à la manière de Jésus, le plus grand, et pourtant le serviteur, au service des hommes et au service de son père. Dans la Bible quand on marquait avec l’huile le front de celui qui était destiné à gouverner, il devenait le serviteur de son peuple, plus particulièrement des plus petits, des plus humbles, à commencer par la veuve et l’orphelin. Si certains rois ont vraiment gardé au cœur cette mission de servir les petits, d’autres ont rapidement fait sentir leur pouvoir et profité de leur situation, et l’histoire se répète à l’infini.
Nous Chrétiens, nous oublions trop facilement cette dimension de notre foi, à tel point que, il y a quelques années, l’Eglise de France a organisé un temps fort à Lourdes, appelé « Diaconia » pour nous rappeler cette dimension essentielle. Les gens disent souvent : « Je ne pratique pas », ils entendent par là qu’ils ne vont pas beaucoup à la messe du dimanche, par contre ils ont parfois pratiqué bien comme il faut le commandement du service.
Parfois nous célébrons les funérailles de certaines personnes qui n’ont pas beaucoup fréquenté la communauté chrétienne et les assemblées du dimanche et au cours de la préparation nous entendons les proches parler de leur vie : « Elle a soigné ses beaux-parents jusqu’au bout » « Elle a accompagné ses petits enfants à l’école chaque jour » « Il a toujours été disponible pour un coup de main à ses voisins » ou bien « il est resté engagé très longtemps avec les dirigeants du foot. Il en a passé des dimanches après-midi à faire arbitre de touche sur tous les terrains » « Il avait des doigts d’or et les gens en ont profité longtemps » Et tant d’autres expressions qui nous renvoient à la Parole de Jésus : « Pour moi le plus grand c’est celui qui sert ». D’autres personnes vivent leur métier comme un service, d’autres qui ont pris des responsabilités dans le travail, dans la cité, dans la politique ont mis leurs compétences au service des plus petits, comme le Seigneur le souhaite. Cela aussi s’appelle être Chrétien pratiquant.
L’idéal serait de pratiquer les deux dimensions : « aimer Dieu et aimer le frère », pratiquer le dimanche en allant à la messe et pratiquer le service en semaine, mais gardons-nous de tout jugement : Seul Le Seigneur sait.
On peut servir aussi très concrètement dans l’Eglise : Service matériel de l’entretien, mais aussi de la gestion, du fleurissement, de l’organisation, service de la Parole, de la liturgie, du chant, services de la charité etc. etc.
A ce sujet, (je fais un aparté,) tous les samedis matin une petite équipe se met au service de la communauté avec les balais ou la tête de loup pour l’entretien, ou par le service des fleurs qui donne le sentiment d’être dans une église habitée et chaleureuse et cette petite équipe, commence à sentir le poids du jour et de la chaleur et aimerait bien voir arriver quelques renforts. Pourrait-elle être entendue ? »
D’autres services encore : service de la catéchèse, servant ou servante d’autel, et bien d’autres domaines : C’est le début de l’année pastorale, le moment où les choses recommencent, il faut renouveler les bonnes volontés, je suis persuadé que beaucoup souhaitent être les plus grands en se mettant au service de tous.
La pire chose que l’on peut entendre chez nos grands malades ou chez nos ainés, c’est quand ils disent « je ne sers plus à rien ». Le Seigneur nous invite à ne pas prononcer cette phrase quand il nous dit « Heureux les serviteurs que le maître trouvera en train de veiller : S’Il revient vers minuit ou plus tard encore, et qu’Il les trouve ainsi, heureux sont-ils »
Alors il nous faut tenir cette qualité de veilleur jusqu’au bout et si nous ne pouvons plus être comme Marthe qui était au service, il nous reste à être comme Marie dans la prière et dans le témoignage de notre foi.
On pourrait parler aussi de la reconnaissance et du respect, envers ceux qui sont à notre service et des nombreuses autres manières de vivre cette dimension de notre vie Chrétienne, pour être à l’Image du Christ qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie. Il faudrait évoquer les dernières lignes de l’Evangile de ce jour sur l’accueil de l’enfant, mais il y aura d’autres homélies … au service de notre vie chrétienne !
Père Jo Valentin