Dimanche 29 Aout 2021.

« « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur reste loin de moi : Les doctrine qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains »

« Les pharisiens, comme tous les juifs, se lavent soigneusement les mains avant de manger et ils ne se mettent pas à table avant de s’être aspergés d’eau … » Tout commentaire qui voudrait établir un lien avec des pratiques actuelles invitant aux gestes barrières en se lavant très souvent les mains avec du gel hydro alcoolique prêterait peut-être à sourire mais serait totalement anachronique et inapproprié.

Avec le texte de ce dimanche nous sommes une fois encore dans l’opposition entre Jésus et les pharisiens à propos de ce qu’est la pratique religieuse. Aujourd’hui est abordée une question très importante qui nous concerne tous, il s’agit de définir ce qui est impur dans notre vie, avec les autres et avec Dieu, il s’agit aussi de comprendre qu’est ce qui peut nous purifier et comment.

Comment définir ce qui est pur ? On dit de l’eau qu’elle est pure quand elle ne contient rien de sale ou de mauvais qui pourrait faire du mal. Quand les touristes viennent respirer l’air pur de nos villages, ils ne souhaitent pas y retrouver la fumée, l’odeur du gasoil ou d’autres produits nocifs ; même chose pour un métal précieux.
Oui, on peut dire, sans être un expert en chimie, ce qui est pur ou ne l’est pas dans ce qui nous entoure.
Mais dans le cœur de l’homme, dans son rapport avec Dieu ou avec les autres qu’en est-il ? Laissons parler le texte de l’Evangile de ce jour.
Les pharisiens se considèrent comme des purs parce qu’ils appliquent de la façon la plus stricte la loi de Moïse dans leur alimentation, dans leur hygiène, dans leur réglementation.

Ils perdent cette pureté par tout contact avec des personnes qui ne sont pas de leur religion : Les étrangers, les païens. Et quand ils rentrent du marché ils doivent faire leurs ablutions rituelles car forcément ils ont côtoyé, voire touché des gens impurs (quelle horreur !!!!)(On se souvient comment pendant le procès de Jésus, les pharisiens ne veulent pas entrer dans le palais de Pilate pour ne pas se souiller.
Ils perdent leur pureté au contact de gens atteints de différentes affections naturelles ou maladives (comme la lèpre) et le lépreux doit crier « impur, impur » pour éviter tout contact.
Certains actes peuvent rendre impur comme, par exemple dépasser le nombre de pas autorisés le jour du sabbat ou faire du feu ce même jour. Mais étonnamment certains gestes ne sont pas considérés comme impurs, tels que tuer une femme à coup de pierre ou laisser ses vieux parents sans soins, ou de préférer le repos du sabbat au service, au grand dam de Jésus.
Certains aliments rendent impurs : on parle souvent du cochon, mais d’autres aliments ou association d’aliments rendent également impur, par exemple, consommer au même repas de la viande et du lait.

Comment retrouver la pureté ? Essentiellement par des ablutions, (sur eux-mêmes ou sur ce qui a été souillé) des rites accomplis avec de l’eau, par des sacrifices d’expiation, mais aussi des pèlerinages, des prières de repentance, (je crois le Yon Kipour) ou par l’offrande d’animaux en sacrifice.
Tout cela malgré les paroles fortes des prophètes qui ne cessent de dire que la seule offrande qui plait à Dieu, c’est un cœur contrit et humble.


Jésus s’inscrit complètement en faux contre tout cela : Lui est le seul pur, le seul juste qui peut dire « qui me convaincra de péché » ? Pourtant on ne le voit jamais dans l’Evangile s’associer aux rites de purification (sauf toutefois quand il reçoit le baptême de Jean, démarche à laquelle il donne un sens particulier). Dès sa naissance il ne respecte pas les prescriptions rituelles : Ceux qui viennent l’accueillir à la crèche, ce sont les bergers impurs interdits de temple et de synagogue pour faute grave, de dormir avec les moutons, puis les mages, étrangers donc impurs. Il fréquente et même touche les lépreux impurs par excellence, il fréquente les étrangers, la samaritaine, la cananéenne, mais aussi les pécheurs, Zachée, Marie Madeleine….


Plus que cela il affirmera qu’il est venu spécialement pour les pécheurs et les exclus Et il sera très dur avec l’attitude des pharisiens qu’il traite régulièrement d’hypocrites…Ces pharisiens qui l’accusent aujourd’hui, avec ses apôtres, de mépriser la loi des anciens en omettant de laver les mains.

Jésus définit aujourd’hui ce qui rend l’homme impur : Il bannit de la liste toutes les prescriptions sectaires, racistes, puritaines. Il bannit les aliments proscrits, ce qui devrait réjouir chaque jour les charcutiers et ceux qui se régalent de charcuterie. Il bannit surtout les faux semblants, les hypocrisies, ce qui n’implique pas vraiment une conversion. Il déclare : « C’est ce qui sort du cœur de l’homme qui rend l’homme impur : « pensées perverses, inconduites, vols, meurtres débauche, envie, méchancetés, adultères, fraude, diffamation, orgueil et démesure. Tout cela vient du dedans et rend l’homme impur. » Etonnement l’Eglise a beaucoup retenu ce qui concerne les mauvaises pensées et les mœurs, oubliant un peu le reste. Et pourtant ces quelques lignes devraient faire le cœur de tout examen de conscience.

Il reste une question : Comment pouvons-nous nous purifier ? Les pharisiens pouvaient y parvenir par des ablutions, mais ça ne marche pas pour nous, sauf le baptême qui purifie et donne une vie nouvelle, mais l’eau du bénitier à l’entrée de l’église ne suffit pas ! Quant aux pèlerinages, aumônes, depuis des siècles ils restent un moyen de revenir vers Dieu et n’ont pas été abolis. Quant aux sacrifices, ils ont trouvé leur achèvement au Vendredi saint, avec le Sacrifice suprême du christ en croix. La messe qui nous rassemble une fois encore aujourd’hui nous fait participer au sacrifice du Christ pour notre purification, et plus encore le sacrement du pardon ou le sacrement des malades qui inclut le pardon des péchés.

Un détenu condamné à une très lourde peine de plus de 20 ans pour mœurs me disait : « personne ne peut me pardonner, personne, sauf, peut-être ma mère, c’est la seule qui m’aime »… Personne ne pourra jamais nous pardonner, et nous ne serons jamais purifiés par nos efforts, nos résolutions, s’ils ne sont pas reliés à Jésus, le seul qui nous aime au point de donner sa vie pour nous, à condition d’avoir l’humilité d’accueillir son pardon.

Puissions-nous nous glisser dans la foule des élus qu’évoque l’Apocalypse en St Jean : « Ces hommes, vêtus de blanc, d’où viennent-ils et qui sont-ils ? Ils viennent de la grande épreuve, ils ont lavé leur vêtement, ils l’ont purifié dans le sang de l’agneau ». Personne ne pourra jamais laver le vêtement blanc de notre baptême que nous avons si souvent Sali, aucun rite, aucune ablution, seule la rencontre de Celui qui nous sauve : Nous ne pouvons pas nous sauver tout seul. Nous le prions avec le refrain du psaume de ce jour : Qui habitera dans ta maison Seigneur, qui reposera sur Ta montagne : Purifie moi Seigneur et je serai pur, lave moi et je serai plus blanc que neige, Tu es Celui qui me sauve. Fais nous revenir à Toi et nous serons sauvés.

Père Joseph Valentin