L’année liturgique se termine, la semaine prochaine nous entrerons en Avent, nous commencerons à nous tourner vers le message de Noël : « Aujourd’hui vous est né un sauveur », mais aujourd’hui les textes du dernier dimanche de l’année « A » nous interpellent et nous bousculent. Nous les connaissons presque par cœur, nous sommes peut-être trop habitués à les lire sans vraiment nous laisser interpeller par ce qu’ils nous disent :
Tout d’abord un texte du prophète Ezéchiel dans l’ancien testament (environ 600 ans avant le Christ) « Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que moi-même je vais m’occuper de mes brebis. Je veillerai sur elles comme un berger veille sur les brebis de son troupeau » C’est l’image du bon berger qui soigne, qui guide, qui guérit… mais aussi qui « juge entre brebis et brebis, entre les béliers et les boucs » ..Les bergers de toujours savent bien que ces deux espèces ne savent pas cohabiter et que les béliers et les boucs sont toujours en train de se battre souvent à l’avantage des boucs… Le berger protège donc.
Le psaume nous est très familier, il accompagne bon nombre de nos enterrements. Il conviendrait que, aujourd’hui, nous prenions le temps de le lire et de le méditer lentement, en demandant au Seigneur de nous guider en toutes circonstances : « J’habiterai la Maison du Seigneur pour la durée de mes jours »
Dans sa lettre aux Corinthiens Saint Paul annonce la Royauté du Christ, à la fin des temps, « C’est Lui qui doit régner à la fin des temps, jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis, et le dernier ennemi qui sera anéanti c’est la mort » … Nous croyons au Christ sauveur, chaque jour de notre vie pour nous tirer vers le haut et pour nous sauver de la mort en nous entraînant dans sa résurrection : « Seigneur que ton Règne vienne pour nous libérer de tout ce qui nous enchaîne ! »
L’Evangile est tiré du livre de saint Matthieu au chapitre 25. Nous l’appelons souvent « le jugement dernier ». En résumé Jésus nous dit : « quand le Fils de l’homme viendra à la fin des temps, il siègera sur son trône de gloire pour juger les hommes. Il dira à certains, : Venez les bénis de mon Père car j’avais faim, j’avais soif, j’étais étranger, j’étais malade ou en prison, et vous vous avez pris soin de moi, car chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait… Mais il ajoutera ; Chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, à moi non plus vous ne l’avez pas fait… »
Depuis toujours les chrétiens ont pris très au sérieux ces paroles de Jésus et depuis des siècles l’Eglise a pris en charge les pauvres de la société… Nous avons les grands noms de la charité tels saint Martin partageant son manteau, St Vincent de Paul et les galériens et la fondation des petites sœurs des pauvres, la conférence St Vincent de Paul… Saint Jean François Régis et la rue du Bouillon, Saint Roch et les malades atteints de la peste, St François d’Assise, mère Theresa et les mourants de Calcutta, Sr Emmanuelle et les chiffonniers du Caire et la plupart des grands noms de la sainteté. Quand on construisait une cathédrale, l’hôtel-Dieu qui accueillait une bonne partie de la misère du monde, venait s’imbriquer dans la construction, comme un symbole. Nous connaissons tellement d’institutions qui ont « pris soin » des malades mentaux, des prisonniers, des étrangers, du Tiers monde, des orphelins, etc. et encore aujourd’hui l’Eglise organise des campagnes contre la faim, le développement des pays pauvres, la lutte contre les pauvretés diverses etc.… » J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger… Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait… »
Les incroyants, les non-chrétiens s’impliquent maintenant tout autant que nous dans les luttes contre les misères (il suffit de lire les journaux pour constater que des hommes et des femmes de tous bords, depuis Coluche jusqu’à tel ou tel sportif, prennent la tête de grandes œuvres caritatives) .
L’Evangile de ce jour nous dit qu’eux aussi « sont les bénis du Père » et que le Royaume des cieux est pour eux, tout autant que pour nous. Les services sociaux ont pris la relève de beaucoup d’institutions chrétiennes autrefois dirigées par des religieuses (hôpitaux, hospices, institutions d’accueil des handicapés par exemple) et c’est tant mieux. Les chrétiens sont bien présents dans cette prise en charge de celui qui a faim, froid ou qui est malade) Le service du frère n’est plus l’apanage de l’Eglise qui semble petit à petit, disparaître de la prise en charge du pauvre…
Devant cette situation nous risquons de nous désengager, de laisser d’autres que nous venir en aide à ceux qui ont besoin et la deuxième partie du texte de l’Evangile de ce jour nous rappelle à l’ordre : « chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, à moi non plus vous ne l’avez pas fait » … Alors ce dimanche nous remotive et nous remet debout face à cette exigence majeure de notre foi : La situation économique et sociale de notre pays (et du monde entier) laisse beaucoup de monde au bord du chemin. Ne laissons pas le fatalisme et l’indifférence nous envahir. Participons aux mouvements d’Eglise qui œuvrent contre la misère : Secours catholique, C.C.F.D., Conférence St Vincent de Paul etc , participons aux actions menées par des associations qui ciblent tel ou tel quartier de la vie ou du monde, participons à tout ce qui existe pour venir en aide , que ce soit avec le label chrétien ou non. Plus que jamais c’est le moment de la charité, de la justice, du partage, et de la lutte. Il serait indécent de fêter Noël avec des repas pharaoniques et un gaspillage scandaleux, alors que tout près de nous des gens vivent avec la faim comme compagnon… Nous savons faire, nous l’avons déjà fait, nous sommes assez généreux pour réduire un peu nos dépenses en alimentation afin de venir en aide à ceux qui manquent de l’essentiel …
Concrètement : Les temps sont durs pour bien des gens. Comme pendant le carême une caisse sera à notre disposition, au fond de l’église de St Didier, pour recueillir nos dons alimentaires en faveur des familles fragilisées ; (pas de produits périssables rapidement, pas de surgelé, pas de produits périmés ou détériorés, mais des aliments de base, des conserves, des friandises, des produits d’hygiène, consommer un peu moins pour Noël et partager un peu plus… C’est possible ? Non ? … Cette caisse sera vidée chaque jour et le contenu porté à la banque alimentaire. En toute discrétion. Merci
Les communautés de La Séauve, St Just, St Victor sauront s’organiser si elles le souhaitent.