Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (25- 1à 13)
« Le Royaume des cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces … Cinq d’entre elles étaient insouciantes et cinq étaient prévoyantes. Les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, les prévoyantes avaient pris avec leur lampe des flacons d’huile. ; Comme l’époux tardait elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. Au milieu de la nuit il y eut un cri : » voici l’époux sortez à sa rencontre ! »… Les insouciantes dirent aux prévoyantes : » donnez-nous un peu de votre huile car nos lampes s’éteignent… »
Nous connaissons la fin de la parabole : Les filles insouciantes courent chez les marchands pour acheter de l’huile, tandis que les prévoyantes entrent avec l’époux dans la salle des noces…
La noce, l’alliance, c’est l’image qui court à travers toute la Bible pour nous parler de cette union de Dieu avec nous, selon la Parole prononcée par Dieu à Abraham, notre ancêtre dans la foi, le Père des croyants : « aujourd’hui je fais alliance avec toi, je serai ton Dieu et tu seras mon peuple » Alliance maintes fois répétée jusque dans les Paroles de l’Eucharistie : « ceci est mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, versé pour vous et pour la multitude » Nous sommes une fois encore invités à cette alliance définitive avec notre Dieu , elle nous est rappelée ici aujourd’hui en soulignant le fait qu’il faut nous y préparer en « tenant notre lampe allumée » comme le chantait le Père Duval : C’est la lampe de notre foi, de notre charité, de notre espérance, c’est la lampe de la prière, de la méditation de la parole de Dieu, de la relation permanente entre nous et notre Dieu : Lui est toujours fidèle à son alliance, nous ? sans doute pas toujours…
Au moment où j’écris ces lignes, le vent du sud souffle sur nos terres en violentes rafales … Celui-là ne risque pas bien d’éteindre notre lampe, par contre le vent mauvais qui souffle sur notre monde, sur notre société, risque bien de faire vaciller nos convictions : Le confinement ne nous empêchera-t-il pas de prier ? la peur de l’autre ne va –t-elle pas nous enfermer chez nous ? La « distanciation sociale » ne risque-t-elle pas de ruiner notre effort pour ressouder notre communauté après le premier confinement ? Ne risquons-nous pas de perdre les quelques jeunes et quelques ados qui s’accrochent encore un peu à l’Eglise ? Oui, le vent mauvais souffle fort sur nos lampes de croyants, et ce vent ne s’est pas levé cette nuit, il dure depuis plusieurs années, mais les craintes actuelles l’amplifient et bousculent bien des comportements ….
« Ma fille s’est mise en ménage avec son copain, mais ils m’ont dit qu’ils ne voulaient pas d’enfant, au vu des crises actuelles sur la santé, sur l’écologie, sur les violences, sur la crise de l’emploi…Je les comprends, mais en même temps je me demande si l’enfant n’est pas le fruit naturel du couple, son but … etc etc … » Jésus nous a laissé cette parole qui contredit l’attitude de ces deux jeunes qui ne « veulent » pas d’enfant : « Celui qui veut garder sa vie pour lui la perdra. Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que donner sa vie pour ceux qu’on aime » Et l’expérience de la plupart des parents montre bien que c’est pour les enfants que l’on travaille, que l’on prépare l’avenir…
D’ailleurs le nombre des mariages a baissé de façon significative dans nos paroisses, tout comme dans notre société, comme si la peur de s’engager l’un devant l’autre, devant sa famille et ses proches, devant la société et devant l’Eglise de Dieu avait déjà gagné…
Les engagements deviennent beaucoup plus rares pour le moment : demandez à tous les responsables d’associations, aux clubs de sport, aux membres de nos communautés religieuses …ne serait-ce pas le calme du chacun pour soi qui serait en train de se lever ?
Les jeunes familles ont déserté nos communautés, éloignant les ados, les enfants et les jeunes … Dieu devient ainsi invisible et avec Lui l’Idéal de vie qu’Il propose et la solitude s’installe en face des grandes questions : « la vie, l’Amour, la mort » cf. la deuxième lecture de ce dimanche : « Nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance » Comment faire savoir notre foi, notre espérance ?
Peut-être que beaucoup de gens n’ont pas pensé à prendre de l’huile pour tenir leur lampe allumée pendant le temps de la crise et la lampe de leur générosité est en train de faiblir, la lampe de leur courage, la lampe de leur confiance, la lampe de leurs engagements … Ils n’y voient pas clair : ils manquent d’huile !!
N’allons pas leur jeter la pierre, car nous ne sommes peut-être pas beaucoup plus vaillants que ceux qui nous paraissent en panne d’idéal … Nous n’avons sans doute pas assez chargé d’huile la lampe des jeunes générations (je dis bien « nous », et non pas « vous »), car ensemble, en église, nous n’avons sans doute pas assez éveillé les jeunes générations à la prière, à la découverte de la parole de Dieu, à la présence du Seigneur à nos côtés) Notre témoignage a peut-être été défaillant, notre catéchisme trop théorique, notre pratique religieuse trop superficielle : Comme les jeunes filles de la parabole que nous donne Jésus, nous nous sommes peut-être assoupis, et même endormis et nous n’avons pas pu partager l’huile de notre foi à la génération qui vient après nous .. ; Que pouvons-nous répondre à nos grands jeunes quand ils nous disent « Tu te dis croyant (e) mais qu’est-ce que cela change pour toi ? » « Tu vas à la messe, mais qu’est-ce que cela t’apporte ?
Il ne s’agit pas de nous
auto-flageller, nous n’avons pas fait que des erreurs, ou des
contre-témoignages, nous avons laissé aussi à nos jeunes quelques belles
valeurs qu’ils mettent en pratique, mais, aujourd’hui, dans la nuit qui
se fait longue et sans beaucoup de lumière pour en sortir, que
pouvons-nous dire à nos enfants, à nos petits-enfants, à nos paroissiens
quand ils nous disent, au bout de leur insouciance « donnez-nous un peu
de votre huile » , de celle qui éclaire votre espérance, de celle qui
donne sens à vos combats, de celle qui vous garde « en tenue de service ,
avec vos lampes allumées » selon les mots de l’Evangile ? Comme chez le
marchand j’aimerais trouver quatre petits bidons d’huile pour redonner
de l’élan à la flamme de ma lampe : Un petit bidon de fidélité, car si
je m’arrête ils reculent, un petit bidon d’espérance car c’est ce qu’ils
cherchent, un petit bidon d’idéal à leur partager, un gros bidon de
prière…J’éviterai d’acheter un bidon « d’huile qui fait la
morale »même si elle est en solde !
Dans le fond de mon cœur, chaque
jour je chanterai « ma lumière et mon salut c’est le Seigneur » en
relisant longuement le psaume de ce jour : « dans la nuit je me souviens
de Toi et je reste des heures à Te parler » tout en demandant encore et
encore le secours du Seigneur.
P. S. Pendant ce temps de confinement, comment vais-je charger d’huile la lampe de ma foi ?
En reconnaissant les actes manqués, les négligences, les impasses de mon témoignage et en demandant au Seigneur son pardon.
En
redoublant mes temps de prière pour demander au Seigneur son aide, sa
lumière, et la grâce de pouvoir transmettre la petite foi qui m’anime,
pour rendre grâce aussi pour ceux qui m’ont donné envie et qui m’ont
permis de croire.
Peut-être en lisant la dernière encyclique du Pape
François « Fratelli tutti ». Je peux la chercher sur internet, dans une
bonne librairie, ou demander à mon curé de me la commander. C’est facile
à lire, et une bonne façon de vivre le confinement. (Sur internet,
c’est ici)
En
prenant régulièrement des nouvelles des plus fragiles, des voisins
seuls, et en me mettant à leur service pour des courses … ;
En
communiquant à mon voisin l’intitulé du site de la paroisse et peut être
en lui expliquant comment il peut le trouver ; en lui transférant sur
son ordinateur ce qui m’a intéressé.
En prenant cette résolution : ce que je peux transmettre de ma foi, je le transmets.
Le texte de l’homélie est disponible au fond des églises de St Didier et de la Séauve