La place des malades, dans l’Evangile, dans notre propre vie, dans notre société, dans notre paroisse.
Chaque année l’Eglise consacre une journée liturgique aux malades, aux soignants, à la place de la maladie dans notre vie, dans notre foi, dans nos paroisses. Cette journée est proche, en général de la fête de Notre Dame de Lourdes, le 11 février, car nous le savons bien, à Lourdes les malades ont une place particulière. Dans la liturgie de ce jour, c’est le livre de Job , le grand souffrant de la Bible (celui qui dit « je ne compte que les nuits de souffrance » ) et l’attitude de Jésus en Saint Marc qui se fait proche de tous ceux qui souffrent, qui éclairent notre réflexion.
Le
livre de Job d’abord fut
écrit par plusieurs
auteurs, sur une longue période entre 600 a et 400 ans avant Jésus.
Ilreprend
les grandes questions de l’humanité sur le mal, la
souffrance, la mort. Il fait passer en quelques images
devant nos yeux, bien des visages de souffrants, chez nos proches,
dans nos familles, dans nos hôpitaux , avec des mots très forts qui
nous rappellent telle ou telle personne souffrant d’un cancer, ou
de l’une ou l’autre de ces maladies qui détruisent le corps et
l’esprit de nos connaissances.
« La
vie de l’homme est comme une corvée, je ne compte que des nuits de
souffrance, je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube, ma vie
n’est qu’un souffle je ne verrai plus le bonheur »,
Ceci
nous rappelle toutes ces questions qui se posent à nous sur les fins
de vie qui n’en finissent pas, sur l’acharnement thérapeutique,
sur l’acceptation difficile de la souffrance , sur l’euthanasie,
les soins palliatifs etc. etc.
Ces
problèmes ne sont
souvent pas que théoriques et ils
ne sauraient être abordés en quelques minutes ou par un simple « Ya
qu’a » ou « il faut qu’on » ou même
« l’Eglise dit que ».
Problèmes qui impactent les
aidants, c’est-à-dire ceux qui partagent le quotidien des
souffrants pendant des jours, de semaines et parfois des années, qui
impactent aussi les soignants, vous savez, ceux que l’on applaudit
pendant la pandémie, puis que l’on oublie quand le vent a
tourné !
Oui le mal, la maladie nous concernent tous et
toutes, personnellement ou dans nos familles, dans la société et
dans nos communautés chrétiennes.
Dans
l’Evangile nous contemplons l’attitude de Jésus au cours d’une
de ses journées « type », où il accueille tous ceux qui
souffrent, où il se met à l’écart pour prier, où il part pour
enseigner.
Encore
une fois « prêtre, prophète et roi » prêtre pour la
prière, prophète pour l’annonce de l’Evangile, roi pour le
service.
C’est
peut être là le modèle de toute vie chrétienne.
Il
se rend rapidement chez
la belle-mère de Pierre qu’il relève, puis il se fait proche de
tous ceux que l’on apporte devant lui :
« on
apportait devant lui tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou
possédés par des démons , la ville entière se pressait à sa
porte »
Ce
problème de la maladie est présent dans toute vie humaine, c’est
normal qu’il soit présent dans la Bible, et nous voyons qu’il ne
laisse pas Jésus indifférent puisqu’il y consacre bon nombre de
ses journées et l’Evangile fourmille de ces rencontres avec les
sourds, les aveugles , les lépreux, et autres possédés.
Quand
on parle de possédés, de qui parle-t-on ? On pense souvent
aux personnes atteintes de maladies psychiatriques, de comportements
violents ou inappropriés comme dans ce que nous connaissons de
l’épilepsie, mais il faudrait peut-être ajouter, au moins
aujourd’hui, tous ceux et celles qui sont possédés par les démons
du jeu, de l’alcool, de l’abus
réseaux sociaux, des
images etc, jusqu’à devenir des aliénés
et nous n’avons pas besoin de chercher bien loin pour trouver des
exemples.
Jésus accueille tout ce monde, il leur parle, il les
touche, il les guérit, il les apaise, il les remet debout dans leur
entourage et dans la société de l’époque, aujourd’hui la
belle-mère de Pierre, demain, un lépreux, une autre fois l’aveugle
de Jéricho.
Il est le Christ, le fils de Dieu , il vient
accomplir les temps messianiques annoncés par les prophètes (les
aveugles voient, les sourds entendent,
les morts
ressuscitent
)et il est plus fort que le mal, que la maladie, que la souffrance et
sur ce point nous n’avons pas les mêmes pouvoirs que lui.
Mais
regardons ce que font les gens autour de lui :
D’abord
écrit Marc : « aussitôt
on lui parle de la malade »
Ca,
nous pouvons le faire : parler au Seigneur de nos malades. Nous
pouvons le faire individuellement et en communauté.
Ensuite
« on lui
apportait tous ceux qui souffraient de quelque maladie »,
là aussi nous pouvons apporter dans notre prière tous ceux que nous
connaissons : C’est même notre devoir que de prier pour nos
malades.
Il
y a une façon tout à fait particulière, et trop souvent négligée,
d’apporter devant le Seigneur les malades et les gens qui
souffrent : c’est
de leur proposer le sacrement des malades.
Ce sacrement que nos ainés avaient chargé d’appréhension en
l’appelant « l’extrême onction » ou encore « les
derniers sacrements » , deux appellations qui
n’encouragent pas bien, ni à le demander, ni à le proposer à ses
proches qui risquent de comprendre que la lumière est proche de
s’éteindre. Alors que ce sacrement est celui de la paix, de la
visite du Seigneur à celui qui souffre, comme l’huile apaisante
qui en est le signe. Le pèlerinage à Lourdes a beaucoup contribué
au renouveau de ce sacrement et c’est tant mieux, comme le
sacrement de l’accompagnement des souffrants.
Des confrères
ont sans doute prêché en ce sens, car sur notre ensemble paroissial
il est assez souvent demandé. Il l’a été parfois collectivement
pendant la semaine sainte, à la maison de retraite ou peut être
ailleurs, il nous faudra retrouver cette pratique dès que les
circonstances nous le permettront.
Je note aussi que, parfois,
les intentions de messes offertes à « une intention
particulière » sont destinées à prier pour un malade et
c’est aussi une bonne pratique. Encore une pratique qui me semble
assez bien assurée dans nos paroisses, c’est la visite aux malades
et aux personnes empêchées de sortir. C’est difficile aujourd’hui
à cause des contraintes sanitaires imposées pour faire des visites
à l’hôpital ou en maison de retraite. C’est
difficile aussi d’aller au domicile de peur de porter ou de
recevoir le covid, mais quand le printemps sera revenu (et il finira
bien par revenir) nous essaierons, les uns et les autres de mettre en
pratique la parole de Jésus :
« J’étais
malade et vous êtes venus me voir , chaque fois que vous l’avez
fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que
vous l’avez fait… »
Dans cette prière personnelle et collective, n’oublions pas de prier pour tous ceux et celles qui sont proches des malades, car nous savons bien comment c’est difficile, soignants, aidants, aide soignantes, personnel de santé, personnel de l’A. D.M.R.. N’oublions pas de rendre grâce au Seigneur pour la chance, ou la grâce, que nous avons de vivre dans un pays ou le système de santé est l’un des plus performants au monde, contribuons à le respecter, sans le sur-utiliser, sans l’utiliser pour tricher ou cautionner notre paresse. Dans ce moment angoissant à cause du virus, n’oublions pas de confier au maître des temps et de l’histoire, les victimes et les acteurs des soins. N’oublions pas de nous « aider les uns les autres » en mettant en œuvre tout ce qui est en notre pouvoir pour ralentir ou pour éradiquer cette épidémie.