Nous nous rappelons d’abord la parole de Dieu qui nous était donnée au cours de ces trois derniers dimanches :

Le dimanche 18 Juillet, en St Marc nous avons lu : « En débarquant Jésus vit une grande foule : Il fut saisi de compassions car ils étaient comme des brebis sans berger, alors Il se mit à les instruire longuement »

Dimanche dernier, en saint Jean nous avons lu : « Jésus leva les yeux et il vit qu’une foule nombreuse venait à Lui ; Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? Jésus prit les 5 pains apportés par un petit garçon et après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives »

Aujourd’hui, dans l’Evangile de ce jour, les gens ont encore faim de rencontrer Jésus et ils viennent à Lui. Jésus semble leur reprocher de ne venir vers lui que par intérêt, parce qu’ils ont eu du pain à manger. « Vous venez parce que vous avez été rassasiés » ! Alors, en bon pédagogue Il leur explique que, pour vivre, l’homme n’a pas seulement besoin de pain matériel, mais aussi de toute Parole qui sort de la Bouche de Dieu, un autre pain, le pain venu du ciel et il se présente comme ce pain qui nourrit bien au-delà de toute faim matérielle : « Celui qui croit en moi n’aura plus jamais faim »

Nous verrons, au cours des dimanches à venir, que cet enseignement de Jésus va se heurter au scepticisme de ses contemporains : « Comment cet homme-là peut-il nous donner son corps à manger, »

Comment cette catéchèse de jésus sur le pain de vie, sur l’eucharistie, peut-elle nous interpeller les uns et les autres, ?

Comment peut-elle interpeller nos contemporains et notre communauté chargée de proposer le pain de vie aux hommes et aux femmes de ce temps ?

Ces derniers mois nous avons vécu une situation inhabituelle et sans doute inconnue dans l’histoire de notre église, à cause de la pandémie et de l’interdiction de nous rassembler pour les liturgies dominicales. Pendant toute une période nous n’avons pas eu la messe du dimanche et chacun de nous a sans doute ressenti un manque. Les médias modernes ont permis de regarder les célébrations devant nos écrans mais nous sommes restés empêchés de recevoir l’hostie. Toutefois nous avons pu écouter la parole de Dieu et son commentaire, nous avons pu participer à la prière de l’Eglise et nous unir aux fidèles célébrant leur Seigneur.
Mais, à mon avis, et selon mon ressenti personnel, il nous manquait deux choses : La présence de la communauté et la communion. Les gens disaient souvent : Ce n’est quand même pas pareil la messe à la télévision ! »
Moi je pouvais célébrer et même concélébrer avec les prêtres en charge de la messe télévisée, mais j’ai beaucoup ressenti l’absence de la communauté. La messe, du dimanche, mais aussi en semaine, ça n’est pas vraiment fait pour une célébration individuelle et privée.
Dans la Bible Dieu donne le pain de la manne, ou la nourriture du désert, à tout son peuple et non à quelques individus. De même chaque Evangéliste a noté qu’à chaque annonce du pain de vie il y avait une foule nombreuse. Nos communautés sont importantes, voire essentielles, pour accueillir le Seigneur qui vient à notre rencontre. Merci aux « fidèles » qui portent ce beau nom de « fidèles », toujours présents, merci aux animateurs de nos communautés, de nos églises, par les fleurs, par le chant, par la liturgie ils contribuent à l’accueil du Seigneur. Parfois nous aurions peut-être tendance à nous décourager à cause du petit nombre ou à cause d’une certaine lassitude, souvenons-nous alors combien la présence et la fidélité de chacun est nécessaire à tous.

Jésus commence par enseigner longuement ses contemporains. Peut-être qu’un jour nous n’aurons plus la chance de pouvoir faire des eucharisties avec consécration et communion. Nous nous souviendrons alors que nos communautés doivent continuer à se réunir pour le partage de la parole, et pour la prière : Il faut nous y préparer et nous organiser pour que nos rassemblements puissent perdurer. Dans l’attente il nous faut faire de nos communions non pas un acte routinier mais une rencontre avec le Seigneur vivant car il est, nous dit St Jean « le pain de vie, venu pour apaiser plus que notre faim matérielle. »

Beaucoup de nos contemporains ont déserté les églises et les célébrations dominicales. De plus en plus de familles, à l’occasion de mariages ou de funérailles, ne souhaitent pas participer à l’eucharistie, ils choisissent plus volontiers une célébration sans messe. Et quand il y a une messe à un enterrement, étrangement les chrétiens habituels qui communient chaque dimanche ne se déplacent pas pour recevoir l’hostie. La tradition est ainsi, pas forcément réfléchie. Ce n’est pas seulement à l’époque de Jésus qu’il était difficile de comprendre la présence du sauveur dans un morceau de pain. Si nous avons des difficultés à transmettre cette vérité de foi, cette vérité de la présence réelle, nous pouvons nous consoler en pensant que même le Christ n’a pas eu un enseignement couronné de succès.

Il reste la Parole de Dieu, il reste l’Evangile. Si les gens ne viennent pas habituellement le dimanche, ils se rassemblent quand même dans l’Eglise, pour différentes cérémonies et là, ils écoutent, presque religieusement la parole de Jésus. A plusieurs reprises nous avons pu remarquer comment des familles, que l’on qualifierait d’éloignées de l’église, choisissent avec beaucoup de soins les textes qui accompagneront leur défunt, ou leur engagement pour le baptême ou pour le mariage et les commentaires qui sont faits par le célébrant, prêtre ou laïc sont aussi très écoutés. Il me semble aussi que les grandes questions qui font l’actualité redonnent de plus en plus soif de sens et amorcent un retour vers un message Evangélique.
Saturés du pain matériel et des biens consommables, dont on voit les limites, les hommes auraient-ils à nouveau faim d’Une parole qui donne sens ?

Encore et encore continuons, par tous les moyens dont nous disposons, à transmettre la Parole et le pain qui nourrissent la pensée et le cœur : « Donnez-leur vous-même à manger » nous dit Jésus.