Pendant deux week-end les paroissiens de St Didier et La Séauve ont pu profiter des homélies du Père Jean Lahondés , en résidence à Marseille. Ils ont pu les apprécier. Seigneur, je Te demande, si j’y arrive, la grâce de pouvoir à 90 ans proclamer la parole avec le même enthousiasme, la même lucidité et les mêmes connexions avec l’actualité. De plus chacun aura noté que même les déficients auditifs n’ont pas de difficulté à l’entendre !!!!

Pour changer un peu, car « l’ennui naquit un jour de l’uniformité » je voudrais commenter la parole sous forme d’une prière qui, comme chaque prière, sera faite de mercis, (dits actions de grâces) de demandes de pardon, et d’intentions portées devant le Seigneur.

Seigneur, chaque jour, dans notre prière, nous disons (trop souvent par habitude,) « donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Nous avons été habitués à cette formule tirée de la Bible où les hébreux recevaient la manne dans le désert, pour la journée seulement, sans pouvoir la conserver, sauf pour le jour du sabbat. Aujourd’hui Seigneur, la plupart d’entre nous ne manque pas de pain matériel. Nous l’avons même en abondance : Merci Seigneur. Merci pour tous ceux et celles qui chaque jour nous permettent de manger du pain à notre convenance : Paysans, meuniers, boulangers etc… Donc Seigneur, nous ne demandons pas notre pain de chaque jour, surtout que nous savons l’accompagner de bien d’autres aliments savoureux. Nous Te remercions pour la chance que nous avons, de pouvoir manger à notre faim chaque jour. Nous Te remercions pour la chance que nous avons ou que nous avons eue de pouvoir le gagner.

Nous Te prions toutefois Seigneur pour ceux qui ont le pain mais n’ont plus l’appétit pour le manger, nos malades, nos vieillards. Nous osons demander pour nous, la grâce de pouvoir partager notre pain avec d’autres, au moins de temps en temps parce que le pain de la solitude est toujours rassis. Merci pour nos co-pains, merci pour ceux et celles qui s’assoient avec nous à la table familiale, avec qui nous ne partageons pas seulement le repas, mais aussi la parole, l’amitié ou l’affection. Et, parce que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais aussi de toute parole qui sort de la bouche de Dieu, nous voulons Te remercier pour le pain de l’Eucharistie, qui nous rassemble, qui nous nourrit, qui soutient notre quotidien A cette occasion nous voulons Te dire merci pour tous ceux et celles qui préparent la table, qui fleurissent l’église, qui la rendent accueillante, ceux et celles qui préparent la liturgie, qui l’animent par les lectures et par le chant, ceux et celles qui portent le pain de la messe aux malades ou aux personnes âgées .

Nous voulons Te remercier Seigneur pour les gestes de partage dont nous sommes témoins : Les solidarités paroissiales, comme les caisses au fond des églises, la mobilisation des collégiens et des paroissiens pour la banque alimentaire des étudiants ce printemps,(dons alimentaires et 660 euros par les collégiens) le C.C.F .D. ou d’autres mouvements solidaires, les solidarités sociales, nationales, ou internationales qui, comme le petit enfant de l’Evangile de ce jour, apportent les 5 pains d’orge et les deux poissons et les donnent généreusement : Multiplie ces pains là comme autour du lac de Tibériade.

Nous voulons aussi demander Ton pardon Seigneur, parce que, si la générosité se manifeste, l’indifférence ne cesse de grandir. La moitié de l’humanité ne mange pas à sa faim et le réchauffement climatique va accentuer les choses. Nous demandons ton pardon pour notre propre indifférence et parfois pour nos gaspillages. Nous demandons ton pardon pour notre passivité face à ces menaces de sécheresse qui vont priver les hommes de leur pain quotidien. Nous demandons Ton pardon pour ces régimes alimentaires que nous sommes obligés de faire alors que d’autres n’ont que la peau et les os. Cette semaine des hommes se sont envolés pour vivre quelques minutes en apesanteur dans l’espace pour un prix qui pourrait nourrir à lui seul des millions de gens. D’autres organisent des festivals pour le cinéma avec des coups de revient au moins aussi exagérés que la médiocrité des prestations. Ces écarts de conduite ont été très médiatisés alors que l’indifférence occulte les drames de la faim. Pardon Seigneur. Nous pêchons Seigneur en pensée, en parole, par action et par omission, surtout par omission, ce péché que nous n’accusons jamais.

Seigneur nous sommes comme les apôtres, qui voient bien que la foule manque du nécessaire, qui ne savent vraiment pas comment s’y prendre pour nourrir ce monde : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » demande Philippe, « le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain… » Nous non plus nous ne savons pas comment faire tant il y a disproportion entre la demande et les faibles moyens qui sont les nôtres, alors notre tentation c’est de ne rien faire et de regarder ailleurs. Seigneur regarde les petites propositions que nous pouvons faire, nos cinq pains d’orge face à une foule ! Et multiplie les dons apportés par chacun. Apprends-nous à nous investir dans toutes les associations qui luttent contre la misère et la faim qu’elles soient catholiques ou non. A cause du virus les associations ne se retrouvent plus et les solitudes grandissent, aide nous Seigneur à recréer des liens dans notre société parce que l’homme ne vit pas seulement de pain. Nous ne voulons pas oublier le pain que Tu nous donne dans chaque eucharistie : là aussi il vient à manquer et l’avenir de nos communautés nous angoisse. « Le Seigneur Jésus prit du pain » nous disent les évangiles, du pain tout simple, du pain de chaque jour, il ne pouvait pas faire un geste plus humble, et avec ce pain il nourrit son peuple, son église. Nous allons nous aussi prendre du pain sur cet autel, « fruit de la terre et du travail des hommes », nous Te le présentons pour qu’il devienne le pain de la vie… Donne nous Seigneur d’apporter ce pain comme l’enfant de l’Evangile de ce jour et de le charger de toute la vie qu’il représente.
Amen.

Père Jo Valentin