Les paroles de l’Evangile de ce dimanche sont très fortes, elles nous parlent du Christ, seul berger, ce même Christ dont St Pierre nous a dit dans la première lecture qu’Il est la pierre d’angle de notre Eglise : « En nul autre que Lui il n’y a de salut, personne d’autre ne peut sauver »
C’est de lui que parle le psaume quand il dit « mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les puissants. Seigneur je Te rends grâce car tu m’as exaucé, Tu es pour moi le salut »
Grace à Lui, nous dit st Jean nous sommes appelés enfants de Dieu et nous le sommes vraiment »
Dans l’Evangile Jésus dit « je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, je donne ma vie pour mes brebis. J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos, il faut que je les conduise, il y aura un seul troupeau et un seul pasteur… » Ce sont des mots qui nous parlent parce que nous sommes d’une civilisation rurale qui sait, qui a vu la place du berger, la place de l’enclos, l’attitude du troupeau rassemblé. Nous avons de la chance car ce sont des mots que toute une civilisation actuelle ne connaît qu’en visitant le salon de l’agriculture ou en tranchant dans le gigot. Quant au berger il y a bien longtemps que même chez nous il a pris sa retraite pour être remplacé par la clôture électrique « la châtaigne ». Ces mots ils nous parlent et il nous faut les méditer : Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer, il me guide par le juste chemin, même par-delà le ravin de la mort. !
Ces mots nous les entendons dans un contexte particulier pour notre diocèse qui vient de perdre celui qui lui avait été donné comme berger depuis 6 ans, le Père Luc Crépy, en attente d’un autre pasteur, que l’Eglise, sous le souffle de l’Esprit voudra bien nous envoyer. Ces jours-ci nous entendons bien des commentaires sur celui qui vient de rejoindre le diocèse de Versailles. Quelqu’un me disait qu’il travaillait énormément, ce que j’ai pu vérifier personnellement. Il n’était pas un mercenaire et chaque brebis du troupeau avait son attention. Il a essayé de connaître ses brebis, dans toute la mesure du possible, se rendant dans les paroisses, dans les communautés, dans les lieux de vie (rencontre des maires, des entreprises, des lieux de réinsertion, rassemblement des agriculteurs, etc etc… Il a été très proche de ses prêtres et des paroissiens, beaucoup d’entre vous ont apprécié cette proximité, à Lourdes par exemple, mais aussi au cours de la reconnaissance de notre ensemble paroissial. Il acceptait le dialogue, la confrontation des idées. Dans le même temps il a donné à notre diocèse une impulsion nécessaire pour la réorganisation des paroisses, la création des équipes de laïcs, l’ouverture aux questions de l’écologie. Il a remis en selle des laïcs et des prêtres, insufflant un élan capable de durer. Il a été, je crois, le bon berger, le bon pasteur que l’Esprit a donné à notre église, au bon moment. Nous saurons remercier le Seigneur pour le soin qu’Il a pris de son église, à travers le Père Luc Crépy.
Un prochain Evêque nous sera donné, d’ici quelques semaines ou plutôt quelques mois. Parmi ceux à qui on a demandé leur avis, il y en aura peu, je crois, à avoir souhaité un Evêque mercenaire, loin de son troupeau, distant avec ses fidèles, parlant de tout ex cathédra, sans concertation ni rencontres, Isolé dans son évêché comme la hulotte des ruines. Nous aurons demandé un pasteur pour notre diocèse avec ses qualités et ses chances, ses difficultés et ses lenteurs et maintenant il nous faut prier pour celui qui acceptera cette tâche de venir diriger un peuple qu’il devra apprendre à connaître. Il nous faudra nous préparer à l’accueillir avec ce qu’il sera, ses charismes et ses réserves, en acceptant l’inattendu de Dieu qui voit plus loin que notre regard et qui nous a toujours surpris par son casting quand il a appelé des hommes à marcher à sa suite. Généralement pas ceux que la vox populi aurait désignés : Moïse, David, Pierre, et les autres…
Il nous faudra, il nous faut aussi penser à ce que le Christ, dans l’Evangile de ce jour, appelle l’enclos, je veux dire à notre communauté. J’ai cru sentir, une bonne volonté marquée à l’occasion de ce carême et de ces fêtes de Paques, avec un renouveau dans la participation, dans l’animation, dans le chant, dans la charité. (rameaux, Jeudi saint, vendredi saint, fêtes pascales). On croit sentir aussi un frémissement dans le nombre de jeunes familles qui demandent le baptême. Nous n’allons pas fonctionner en alternatif, mais en continu, dès que les contraintes sanitaires le permettront il nous faut avancer dans notre prise en charge de la vie de notre Eglise, parce que nous sommes tous configurés au Christ bon pasteur par notre baptême et nous sommes tous participants de sa mission pour que les brebis écoutent sa voix, celles de l’enclos comme celles qui n’y sont pas encore.
C’est aujourd’hui la journée de prière pour les vocations. Les vocations sacerdotales et religieuses se font rares nous le savons bien, est ce que ce n’est pas un appel à ce que toute la communauté retrouve sa vocation , à la suite de Jésus et animée par l’Esprit Saint, à devenir l’Evangile pour les autres, comme nous l’avons chanté dans le chant d’entrée de ce dimanche : « Peuple de lumière, baptisé pour témoigner, peuple d’Evangile, appelé pour annoncer les merveilles de Dieu pour tous les vivants »Il est temps que ces paroles ne soient plus seulement un joli chant, mais qu’elles s’incarnent et elles s’incarnent déjà depuis longtemps. Le peuple de Dieu n’est plus seulement un peuple suiveur, il est devenu un peule acteur. Vous le savez bien, le hasard n’existe pas et les circonstances sont souvent l’occasion de faire un pas de plus dans la prise en charge de l’Eglise par les fidèles laïcs.
Il y a quelques dimanches notre Evêque a reconnu l’ensemble paroissial St Luc en Velay et à cette occasion nous avons évoqué les différents « chantiers » dans lesquels les fidèles sont investis et ils existent ces chantiers et ils sont nombreux. Et voilà qu’un petit virus vient confiner le pasteur naturel de la communauté alors que des funérailles s’annoncent, juste après que notre Evêque ait donné lettre de mission à des paroissiens. Et l’équipe a assuré et bien assuré : Merci à celles qui ont ainsi accompagné cette famille en deuil sinon qu’aurions-nous répondu à ces gens qui demandaient la prière de l’église autour de leur défunt ?
De même l’un de vous s’inquiétait de savoir si, ce dimanche, la quarantaine serait finie et si un prêtre viendrait suppléer au cas ou … Et il était prêt à assurer avec d’autres une célébration en l’absence de prêtre. Bien sûr c’est une situation à envisager. Jésus parle de « l’enclos ». Il désigne ainsi la communauté, l’endroit où les fidèles se rassemblent.
Avec
cette pandémie nous redécouvrons combien la communauté est
importante, combien nous avons besoin de compter les uns sur les
autres, besoin de nous rassembler, de nous parler. C’est
l’Eucharistie qui rassemble la communauté, mais si l’eucharistie
ne peut pas être célébrée, faut-il que le troupeau se disperse au
risque de se perdre et de disparaître ou bien faut-il qu’il
s’organise pour partager la Parole et la prière ? Je ne peux
pas prévoir quelle sera la position et quelles seront les directives
de notre prochain Evêque, mais il aura certainement à se
positionner sur cette question et, en attendant il faut nous préparer
pour que les Brebis puissent « écouter la voix » du seul
berger, selon l’Evangile de ce jour. Il faudra que quelques-uns
d’entre nous acceptent de se former pour pouvoir diriger la prière,
(avec ou sans la communion ? question ouverte).
Avec la
recherche d’une ou deux animatrices en pastorale, avec la mise en
place d’une équipe de préparation au baptême, avec tout ce qui
existe déjà pour l’animation, la prière, le service, la
catéchèse, nous devons aller encore de l’avant.
Aujourd’hui, jour de prière pour les vocations, bien sûr nous demandons au maître d’envoyer des ouvriers pour sa moisson, prêtres et consacrés, mais aussi nous demandons que l’Esprit souffle sur toute la communauté pour qu’elle devienne un peuple d’Evangile, appelé pour annoncer les merveilles de Dieu , pour tous les vivants .. Amen.
Père Jo Valentin